Lettre à mon assureur maladie

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Cher assureur maladie,

Toi qui m’accompagnes tout au long de ma vie, depuis mes premières rages de quenottes jusqu’à mes derniers rhumatismes.

Toi qui depuis de longues années m’enjoins à effectuer la délicate pesée entre mon risque d’attraper toutes les crèves qui passent et ma réticence à ne pas trop te remplir les poches.

assurance4Toi qui m’écris régulièrement des lettres « type » empreintes de cordialité pour me faire signifier que tu ne paieras pas pour ci ou pour ça, parce que ci et parce que ça… En ponctuant ton diktat de ce fameux charabia bureaucratique à grande vertu anesthésique destiné à endormir chez l’interlocuteur toute velléité de comprendre et d’argumenter.

Toi, mon assureur maladie adoré, tu viens me glisser à l’oreille par ta propagande « discrète », que tu ne veux pas que ça change le 28 septembre prochain. Que c’est bien ainsi. Et tu me jures tes grands dieux que ce sera pire sinon.

Que je n’aurai plus le libre choix. Mais le libre choix de quoi ? De m’adonner au plaisir d’écrire des courriers pour changer de caisse tous les automnes parce que mon médecin ne te convient pas ? De me diriger aveuglément dans la jungle actuelle des assureurs prétendument concurrents pour avoir l’impression de choisir « le bon » ? D’accepter le jeu de ce faux marché « libéralisé » pour un carnet de prestations légalement identiques ?

Ecoute, franchement, cela mérite réflexion. Tu joues un peu avec mes nerfs. Il y a quand même eu quelques épisodes fâcheux entre nous. En 2009, j’ai appris que tu m’as fait payer des primes trop élevées pour subventionner indirectement tes clients de petits cantons alémaniques qui ne payaient pas assez. Et en 2011, on m’a fait savoir que je ne serai remboursée qu’à dose homéopathique, ce qui est légèrement vexatoire. En 2014, c’est ballot mais non, je n’ai rien oublié

Après cette douloureuse entorse au fédéralisme, la pilule est difficile à avaler d’un coup, même avec un grand verre d’eau.

Et à chaque fois que l’idée honnie d’une caisse publique revient sur le tapis, histoire de remettre la compresse sur cette blessure béante, je suis toujours impressionnée par l’arsenal de guerre que tu peux déployer pour défendre ton bout de gras : pub, conférences, lobbying, tout le tintouin, avec tes copains de santesuisse. Je crois savoir que le marketing, la fidélisation et les campagnes (sans compter les commissions de courtage), ça coûte bonbon. Et tu le fais avec mes primes, mais comme tu le répètes à qui veut l’entendre, celles de l’assurance complémentaire, là où tous les coups sont permis.

Donc pour résumer, tu fais du business avec ma peur de tomber malade, tu bricoles tes réserves nationalisées avec nos primes cantonales, tu utilises mon pognon pour défendre tes idées que je ne partage pas – au passage, tu prends mon médecin et mes hôpitaux en otage – et au final, mine de rien, tu te pointes comme une fleur, la bouche en cœur, en me demandant de continuer à cautionner ce système ?! Allons donc.

Je partage au moins ton avis sur un point, va ! On peut difficilement espérer qu’une caisse publique fasse baisser les coûts de la santé… En revanche elle aura le mérite d’agir en toute transparence et ses lettres « type », sans doute tout aussi désagréables, seront sous surveillance confédérale.

Donc, pour prendre un vocabulaire qui te parle, je considère que l’enjeu de cette votation s’inscrit, philosophiquement parlant, dans une procédure qui me laisse le choix entre le rhume et le choléra… A défaut de pouvoir me vacciner contre les assurances, je te propose de m’en référer à notre seul objectif commun, soit d’éviter que je tombe gravement malade.

Tu me vois venir. Le temps d’incubation étant largement dépassé, il faut prendre des mesures prophylactiques d’urgence. Quitte à opérer une piqûre de rappel, au cas où la thérapie contre cette couillonnade endémique ne rencontrerait pas la solidarité escomptée.

Avant de te laisser, je voulais moi-même t’assurer, cher assureur, de mon émotion appuyée lorsque, le 28 septembre prochain, je glisserai mon bulletin dans l’urne, la larme à l’œil, en pensant à tes courriers avenants dans ce jargon administratif opaque qui te rend si… unique.

Bons baisers.

Lucille

ass_mal_1

42 réponses sur « Lettre à mon assureur maladie »

    • PhilOx

      Merci et bravo pour ce texte.

      J’ajouterais encore que les caisses maladies sont aussi des oeuvres sociales car elles permettent à nos élites d’arrondir leur fin de mois en jetons de présence dans plus de 60 conseils d’administration.
      Une conseillère nationale avouait récemment recevoir CHF 30’000.- par an pour dire ‘oui’ ou ‘non’ de temps en temps à un de ces fameux conseils.
      Il faut bien vivre non?

      Et je pense aussi à toutes ces marbreries, des spécialistes en dorures et autres mobiliers de luxe qui risqueraient d’avoir bien moins de clients prestigieux.
      Sans compter les grandes marques automobiles allemandes et italiennes, sans qui nos directeurs d’assurances ne pourraient plus entretenir leur passion pour les voitures sportives.

      Aah, les assurances, quel plaisir, ils encaissent notre argent qui leur sert pas si on se sent bien, et qu’ils ne redonne que très rarement si on est malade.
      C’est vraiment une sorte de loterie à numéros, à la différence que ce sont eux qui gagnent toujours.

  1. Fahro

    Bien le bonjour,

    Mais dans ce cas-là vous êtes pour le système américains ?

    Avez-vous les moyens de payer vos propres frais ?

    Une bonne fin de journée.

      • GUILLAUME Fernandes

        c’est clair ce monsieur travailler pour un assurance, j’ai travaillé 13 ans en tant que courtier et je peux vous assurer que tout cela est une veritable mafia les voyages que l’on nous offrait pour de bons resultats et tout ca sur le dos de familles qui aujourd’hui n’ont plus les moyens de payer des primes y qui sont dans l’obligation d’avoir des franchises hautes pour reduire les couts.
        J’ai honte de cela et aujourd’hui je me sens beaucoup plus tranquille loin de tout cela.
        Un repenti….

  2. imagine

    Personnellement je serai pour une caisse-maladie unique et publique.
    L’objectif d’une société privée est d’engendrer des profits. Le produit qu’elle utilise pour y arriver à ces fins importe peu, que cela soit des voitures, des sodas, des produits pharmaceutiques ou des assurances. Donc il est normal, du point de vue d’une entreprise privée, d’augmenter le coût de ses prestations. Et surtout lorsqu’elle exerce un quasi monopole sur la part du Marché où elle est présente, comme c’est le cas dans le domaine des assurances. L’Etat n’a rien à dire, ou plutôt, dans notre cas, n’a un avis partiel.
    Pour l’année prochaine on a déjà reçu par voie de presse un aperçu des futures augmentations de +10%. Cette énorme pourcentage annoncé n’a que deux buts: le premier est destiné à tester les réactions du public; le deuxième, pour nous faire passer la pilule d’un pourcentage réel un peu moindre en nous faisant croire que tout a été entrepris pour limiter la casse. Donc, pour nous faire passer pour des imbéciles.
    Une caisse-maladie publique est basée sur le principe de solidarité et non sur la logique de la sacro-sainte loi du Profit.
    En perpétuant le système actuel on va vers une réelle société à deux vitesses. Et ce type de société n’est pas vraiment celle que je désire, pour moi comme pour mes enfants

  3. Unique, tous dedans, et c’est moi qui décide… qui décide qui, quoi et comment…

    Pas de complots. Le complots des assureurs qui s’unissent pour te faire trinquer, et pas du pinard…

    État, mon sauveur, tu pourras faire baisser les coûts de cette machination… LA SANTÉ !

    Le prix de la santé, le prix de la vie, le prix de ta lettre. Mais heureusement tu es là et tu nous fait douter. Douter que le système actuel est machiavélique, et que l’autre, est… mauvais ?

    Révolution ! Nous irons là bas, sans savoir ou c’est. Mais c’est mieux. Il y’a plus de monde et moins de malades. Et plus de primes, et plus de vie. Ou l’inverse.

    Tous ensemble nous marcherons et tous ensemble nous périrons. Ou payerons. Plus.

  4. Juste un commentaire de soutien à ce texte qui allie style, précision factuelle et pertinence, pour faire remonter le niveau. Merci.
    Car évidemment, tous ceux en faveur de la caisse unique et publique sont d’immondes bolcheviques qui ne savent pas faire un calcul de probabilité basique.

    Karl, vous écriviez mieux du temps du Capital, vous baissez mon vieux.
    Fahro, vous ne vous sentez quand même pas couvert et en sécurité avec la franchise la plus élevée de la LAMAL, seul choix économique rationnel pour la grande majorité des actifs, rassurez-nous ? En faites non ne dites rien de plus, ça ne va pas me rassurer je sens
    Raté, revenez avec un cerveau.

  5. Lilou

    Je crois que tous le monde a oublié ce qui s’est passé avec l’AVS!!!

    Presque un tiers des fonds ont été perdu par l’état.
    Plus de 10ans après on a tjrs pas récupéré malgré la baisse drastique de ces prestations (exactement ce qu’on craint avec une caisse unique…) et l’augmentations des impôts pour essayer de renflouer ces caisse…

    Et autre chose pour les partisans d’une caisse unique, comment on va financer la mise en place d’un système d’état aussi énorme? Je vous laisse juste imaginer combien peut coûter la mise en place de ce système…

    Mais sinon, je me suis bien marré avec cette « lettre » ouverte. Bravo à l’auteur, très bien écris.

    ABE

    • Roby

      A toi , qui parle de l’avs, l’avs est gérée par des privés si jamais… Bref revois ta copie. Sinon le prix de création sera moins important que les milliards de bénéfice et les primes aux agents, les véhicules , les bâtiments, les salaires des cadres, les bonus et j’en passe… Sérieusement même un enfant arrive mieux à comprendre que les ânes qui répètent ce qu’ils entendent.. le début de l’intelligence est le moment où l’être pense par soi-même…

      • Lilou

        Bonjour Roby,
        je crois plutôt que c’est toi qui n’est pas très au point. l’Etat délègue a des agence cantonal le prélèvement et le versement des prestation AVS et AI (Ce qu’elle pourrai très bien faire dans le cadre de cette nouvelle loi car ils ne savent pas encore comment ils vont la mettre en œuvre) mais c’est bel et bien elle qui gère l’argent.
        Quand aux perte dont je parle plus haut qui sont du fait de nos politiques Suisse, vous pouvez sans autre lire ce lien qui pourra vous éclairer. Je crois penser par moi même mais il faut aussi aller au fond des choses ce qu’apperement vous ne faites pas.

        (après avoir consulté l’article, la perte globale du au boursicotage de l’état pour les prestations AVS se monte à 800 millions en 1an et près de 2 milliards de francs en tout)

        source: http://www.parlament.ch/f/suche/pages/geschaefte.aspx?gesch_id=20023032

      • Roby

        Oui c’est bien ce que je disais gérée par des privés.. le peuple n’a jamais demandé à mettre des fonds avs en boursicotage … donc des privés s’immissent… -> donc privés… un fond public ne doit intéragir avec des organismes privés… Là on se rejoint mais saches qu’ il est possible d’améliorer les choses par des lois… c’est pas le fait que la structure soit public que le contenu est public… Exemple le chômage tout le monde pense que c’est un organisme public mais au fond il est devenu bien plus privé qu’il n’y parait…. donc faut revoir l’ensemble…. Mais c’est un début de mettre en place une structure public…

  6. Ferreira Toni

    Joli lettre. Pour les fidèles au système actuel. Parlons de la fameuse lamal, regardez dans les vieux dossières ce quel couvrai et les primes payées quand la loi à passe! Maintenant ont paye plus et la moitié des prestations sont passe dans les complémentaires. En tant que courtier indépendant parlons chiffres; assura, groupe mutuel, Sympany, sans parler des autres 😉 complémentaire classe 3 = 3500.- de comme moins le ristourne 20%~ assurance de base pour une compagnie sous contrôle de la filma 800.- moins ristorno. Autant les compagnies qui gèrent la maladie comme les autres payent trop chers les agents indépendants:-( ces frais sont reportes sur les primes des assures ainsi que des frais administratifs souplementaires. Regardes les biens immobilies des compagnies il y a 20 ans e ceux de maintenant. Regardez le pouvoir d’achat des classes moyennes il y 20 ans et celui de maintenant. Combien de familles sont actuellement avec des poursuites pour primes non payées actuellement et il y’a 20 ans. La vache n’a plus de lait il faut arrêter ce système.

  7. Le choix véritablement démocratique serait de créer une caisse étatique et laisser ceux qui aiment ceci à s’y affilier. Je trouve insupportable que quelqu’un décide à ma place ce que je devrais faire avec mes assurances en votant un dimanche, pire que la dictature.

    • KTY

      Excellent ! Je vote pour !

      Alec a dit : Le choix véritablement démocratique serait de créer une caisse étatique et laisser ceux qui aiment ceci à s’y affilier.

  8. Pierre Dufort

    Au Québec on parque les vieux dans des centres où ils on droit à un bain par semaine , les changement de couches sont compter et si trop fréquents on les laisse dans leur marde des heures pour sauver des couches…quand vient le temps des repas on les gave rapidement comme des canards pour sauver du temps….et quand y sont trop amochés on fait venir une superbe infirmière qui leur injecte la dose létale et y appellent ça mourir dans la dignité cette bande de pourris , le systèmes capitalistes est pourris à l’os à la mouelle de l’os il est temps d’en finir avec cette merde capitaliste. On passe à autre chose colice!

    • jedi81

      En italie la caisse unique fonctionne très bien ou il n’y a pas de magouilles et en plus les retraités ne paies rien et ils ne sont pas mis dans des centres à bouffer de la merde et avec un bain chaque mois. Si la suisse gère aussi bien les autres dossiers on a pas de soucis à se faire.

      • Lilou

        Voilà l’extrait d’un article français que je viens de trouver sur la caisse d’état en Italie: « En Italie, les listes d’attente restent encore substantielles. Ainsi, en 2003, devait-on compter entre trois et cinq mois pour la réalisation d’un scanner, quarante et soixante jours pour une échographie, quatre et neuf mois pour une opération de la cataracte et huit à douze mois pour l’implantation ou la substitution d’une prothèse. »

        Et c’est une caisse d’état depuis 1978… Il leurs a donc fallu 25ans pour arriver à ce niveau là!!!!
        Personnellement, je préfères encore le système actuel!

  9. stauffacher

    Une caisse maladie unique, super idee. C’est qui qui la gere?
    Ben L’etat.
    Mrde, dans ce cas c’est mieux qu’on oublie…

  10. Daniel

    Si la caisse unique est une caisse de l’état, ça ne sera pas un choix, mais un impôt de plus. Y a qu’à voir le système français avec leur sécurité sociale: c’est pas mieux; je dirais même pire!

    Bref, on a le choix entre la peste et le choléra!

    • Stéphane

      Etant suisse, je vie actuellement en France, et je doit te dire que la sécu me coûte moins de 60€ par mois (avec les charges patronales, elle coûte 120€). ce qui représente au total 150.- par mois, et cela prend en charge beaucoup plus que la Lamal et en plus j’ai pas de franchises…. donc oui, le système français et beaucoup beaucoup mieux que le système suisse!

      en plus je peux mettre ma conjointe et mes enfants sur mon compte, sans augmentation de coût…. ce qui me coûte 1200.- par mois me coûte moins de 100.- en France

  11. TOR

    Texte très bien rédigé et qui pointe du doigt les faiblesses et hypocrisies du système actuel. Seule ombre, la conclusion. Le texte mentionne pourtant tout ce qui devrait être fait pour avoir un système qui permet un vrai choix et une vraie couverture des soins. Et malheureusement la caisse unique, comme le nom l’indique, ne permet aucun choix.

    • Jean-Eudes

      L’illusion du choix… Aujourd’hui, c’est pas parce que tu peux choisir ton assureur que la finalité n’est pas la même… du Foutage de gueule comme on dit en Valais! 😉

  12. Ferreira Toni

    Avec la caisse unique tu serais imposé sur ton revenu, plus tes revenus sont limites moins tu payes pour ton assurance. Actuellement pour une assurance de base tu payes entre 300 et 500 francs à ceci tu rajoutes ta franchise et divisés par 12 mois plus les 10 pourcent de ta participation aux frais. Plus la totalité des traitements qui ne sont pas pris dans l’assurance de base. Je ne crois pas que l’assurance base sur les revenus engendre a
    Un montant supérieur à celui que l’ont payé actuellement ? De plus rien ne vous empêche de prescrire une assurance complémentaire pour des soins en prive.

    • Lilou

      Je crois que tu as mal compris cette histoire de caisse unique ou on t’as mal informé…

      Il n’est fait mention nul part (je te laisserai regarder) que les primes seront en fonction du revenus. Au contraire il pense plus à une prime unique selon le canton pour tous et selon l’âge. Les riche paierons la même chose que toi… Ça ne règle absolument pas le gros problème actuel. Ça risque même de l’aggraver.

  13. Lionel

    Je note une contradiction dans votre discours.

    D’abord vous vous plaignez de ce « faux marché « libéralisé » pour un carnet de prestations légalement identiques », autrement dit du fait que l’on fait semblant de vous donner un choix qui n’en est pas un.
    Bref ce que vous pointez au départ, c’est qu’il n’y a pas de réelle concurrence, que ce marché est complètement faussé par l’intervention de l’état.
    Ce genre de situation est toujours propice à la corruption, de sorte que je ne suis pas étonné en lisant un commentaire parlant d’une mafia dans le secteur…

    Et ensuite, votre réaction est de réclamer l’absence de concurrence, le contrôle total de votre assurance santé par l’état.
    Ce faisant vous ne voyez pas que vos problèmes, au départ, viennent de l’intervention de celui-ci…
    Votre état, au lieu de se borner à faire la justice, d’arbitrer les litiges, a la prétention de faire votre « bien » malgré vous, en imposant une uniformité qui n’existe que dans les rêves.
    Ceci au passage est la probable cause de l’impossibilité grandissante pour certains – citée dans d’autres commentaires – de pouvoir subvenir à leur couverture santé, tout comme un salaire minimum l’emploi des moins qualifiés et augmente ainsi le chômage.

    Bossuet résume bien la chose: « Dieu se rit des gens qui se plaignent des conséquences et chérissent les causes ».

    Bref il me semble que vous vous trompez de combat.
    A mon humble avis s’il y a un sujet sur lequel vous avez intérêt à vous battre, c’est bien la conservation et l’extension de vos libertés, donc la suppression des réglementations qui sont la cause de vos problèmes, et non l’inverse comme ici.

    Cela exposé, je ne doute pas un instant que les gens qui pensent comme vous auront gain de cause à terme dans votre pays, tant l’argumentaire de l’efficience théorique d’un système unique est facile à faire croire au plus grand nombre…
    Schumpeter l’a d’ailleurs prédit, le capitalisme libéral est porteur de sa propre perte perte, car l’augmentation de l’instruction et de la richesse permet l’émergence des « intellectuels » qui le tueront…

    « L’état, c’est cette grande fiction à travers laquelle tout le monde cherche à vivre aux dépends de tout le monde » disait Bastiat; quand vous aurez gagné, rappelez-vous de cette maxime, et je vous souhaite bien du plaisir.

    Nous, en France, sommes bientôt arrivés au bout de cette logique, 70 ans après sa mise en place, et les dégâts sont immenses.
    La faillite étant maintenant inéluctable, je redoute les années qui viennent tant elles s’annoncent mouvementées, tant le mûr de la réalité va être durement heurté par une population en état de déni collectif…

    A titre personnel et pour illustrer:
    – je n’ai aucun espoir d’avoir une retraite, et pas franchement de quoi m’en constituer une vu ce qu’on me prend (malgré un bon salaire) et vues la fiscalité anti-capital et les entorses au droit de propriété (immobilier locatif en particulier).
    – les ~1500€ par mois prélevés sur mon salaire pour les retraites par répartitions sont dépensés au fur et à mesure que je les paye, je n’en toucherai rien, ma retraite « publique » consistera en ce que les générations suivante voudront bien me donner… ou pas.
    – mon épouse et moi payons pour notre assurance santé « sécu » dans les 1650€ par mois de charges sur nos deux salaires, auxquels il faut ajouter 160€ par mois pour ma mutuelle complémentaire obligatoire d’entreprise (mutuelle indispensable en France en cas d’hospitalisation), soit un total de plus de 1810€ par mois pour la santé. Et heureusement pour moi, ma mutuelle est très correcte… Même avec 3 enfants, une couverture privée prise en Angleterre pour l’équivalent me coûterait dans les 700€/mois (un peu plus que l’équivalent des charges « sécu » pour 2 salaires minimums en France…) …

    Quand vous aurez gagné, gardez au moins tout cela en tête.
    Bon courage, et que les génération suivantes vous pardonnent.
    Cordialement.

    • Riri

      Vu les chiffres, vous n’avez pas l’air à plaindre. Les mêmes qui tiennent ces discours oublient toujours que c’est les infrastructures de base de l’état qui leur ont permis de s’enrichir (ou leur ascendance) et d’avoir une vie décente, ce que l’on souhaite à tous. N’avez donc aucune pensée pour les travailleurs pauvres?

      Les états modernes veillent, comme vous le dites, depuis plus de 70 ans à ce que le plus grand nombre (et un nombre toujours plus grand) vive dignement. Sans état, il n’y aurait aucune forme de capitalisme possible, de l’esclavagisme à la rigueur.

      • Lionel

        Je ne suis effectivement pas à plaindre comparé à la moyenne de la population.

        Pour le reste, revoyez l’histoire…

      • Loulou

        C’est le débat du tout où rien ici où quoi ? je suis de gauche mais je ne suis pas communiste, je suis de droite mais le marché libre n’existe pas, il y a des biais (et non il n’y a pas que l’Etat qui induit ces biais, la concentration financière l’est d’autant plus). Alors quoi Monsieur self made man ? les sans dents vous volent ils autant que vous le prétendez ?

  14. Riri

    L’avènement d’une caisse unique n’est pas synonyme d’interdiction de s’affilier à une caisse privée. La liberté de choix en ce qui concerne l’ampleur de la couverture choisie demeure.

    L’obliguation de s’assurer étant légale et fédérale, il est normal que la confédération soit en charge de collecter et de surveiller l’utilisation des primes de l’assurance maladie de base. Et c’est au nom de la justice sociale et du bien commun que les primes doivent être adossées aux revenus et gérés par la confédération, garante de l’impartialité.

    C’est une anomalie que cette tâche ait été confiée aux seules sociétés privées qui n’ont eu de cesse de manipuler les chiffres et les opinions. Quid de l’utilisation de leur réserves, de la surveillance de leurs investissements, de l’échelle de leur rémunération?

    Ceci ne relève d’aucune doctrine, c’est une vision de société qui permette à tous, du plus humble au mieux nanti d’avoir une vie décente et heureuse et qui permette, à long terme, à tous de vivre ensemble sereinement.

    Et si cette vision n’est pas la meilleure d’après vous, c’est en tout cas celle qui s’en approchera jamais le plus.

  15. Lionel

    Comme dirait Jean Paul 2, vous êtes dans l’erreur fondamentale du socialisme…

     » il faut ajouter que l’erreur fondamentale du « socialisme » est de caractère anthropologique. En effet, il considère l’individu comme un simple élément, une molécule de l’organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social, tandis que, par ailleurs, il estime que ce même bien de l’individu peut être atteint hors de tout choix autonome de sa part, hors de sa seule et exclusive décision responsable devant le bien ou le mal. L’homme est ainsi réduit à un ensemble de relations sociales, et c’est alors que disparaît le concept de personne comme sujet autonome de décision morale qui construit l’ordre social par cette décision. De cette conception erronée de la personne découlent la déformation du droit qui définit la sphère d’exercice de la liberté, ainsi que le refus de la propriété privée. En effet, l’homme dépossédé de ce qu’il pourrait dire « sien » et de la possibilité de gagner sa vie par ses initiatives en vient à dépendre de la machine sociale et de ceux qui la contrôlent ; cela lui rend beaucoup plus difficile la reconnaissance de sa propre dignité de personne et entrave la progression vers la constitution d’une authentique communauté humaine. »

    Les français en sont là, ils ont perdu leur dignité, ne peuvent plus gagner leur vie par leur propre initiative…

    Le système social français, soit disant « solidaire », a purement et simplement détruit la solidarité individuelle en imposant une solidarité collective fatalement devenue intenable.

    Si c’est ce que vous voulez pour votre pays, continuez comme ça, après tout la route vers l’enfer est pavée de bonnes intentions.

    • Jean-Eudes

      Cher Lionel,
      oui oui et oui…. Merci pour cet étalage de culture.
      Je n’ai de loin pas votre intellect… mais le système actuel coûte cher aux classes faibles… aussi cher que représente 1.- sur 5.-… les assurances chassent les malades. Refusent de prendre un ancien car trop couteux. Enfin… l’humain ne s’ en sort pas.

      Pour conclure j’aime votre citation sur JP2. Mais je suis convaincu qu’entre un système privilégiant le bénéfice ou son prochain….

  16. Lionel

    Enfin, posez vous la question de ce qu’est votre « Justice sociale » ou votre « bien commun »…

    Le bien commun appartient à tout le monde, et donc à personne… Vous avez la chance en Suisse d’être « auto-civilisés » (oserais-je dire « responsables individuellement »), si vous venez en France vous constaterez dans quel état est le « bien commun »… et s’il est en bon état soyez assuré que cela coûte entre 2 et 100 fois plus cher que ça ne le devrait…

    Votre « Justice sociale », qu’est-ce donc ? un filet de sécurité pour les plus démunis, ou l’assurance quelle que soit son action personnelle de bénéficier du travail des autres ?

    La solidarité imposée et contrôlée par le politique aboutit toujours au 2ème cas, et c’est bien normal car:
    – la façon la plus rapide de s’enrichir a toujours été de prendre au voisin
    – il est électoralement très rentable de promettre à une majorité de vivre au dépends d’une minorité.

    Reste que ce que vous continuerez vaille que vaille à appeler « Justice sociale » est fondamentalement basé sur :
    – l’envie
    – la jalousie
    – la privation de libertés
    – la négation du droit de propriété, voire le vol pur et simple

    Bref une soit-disant « Justice » qui n’a rien de moral.
    La Justice peut-elle être en contradiction avec la morale ?…
    Peut-être, mais quand cela arrive, on a tendance à trouver cela injuste…

  17. L'internaute

    Notre santé est un business, le fait que les médecin reçoivent des bonus par opérations ne fera JAMAIS baisser nos primes (apparemment on est le pays au monde où l’on pratique le plus d’opérations). Je pense que l’histoire de la caisse unique n’est qu’une partie du problème…

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